1- Le sommeil avant minuit est plus reposant.
Faux, c’est bien dommage… car ce mythe pourrait être bien utile pour faire coucher les enfants de bonne heure.
Le sommeil comporte deux phases : le sommeil lent et le sommeil paradoxal. Ces deux phases se suivent à l’intérieur d’un cycle de 70 à 100 minutes qui se répète tout au long de la nuit. Au début de la nuit, les cycles ont beaucoup de sommeil lent et peu de sommeil paradoxal, puis les proportions s’inversent au cours de la nuit qui avance. Chaque phase du sommeil a son importance pour le corps et pour l’esprit. Par exemple, les premières heures de la nuit sont celles où l’on sécrète l’hormone de croissance pendant le sommeil. Vers la fin de la nuit, avec le sommeil paradoxal qui abonde, la consolidation de la mémoire et les rêves prennent plus d'importance.
2- Dormir une heure de moins par nuit, ce n’est pas grave.
Faux, il y a des conséquences à réduire d’une heure la durée de sommeil dont on a besoin.
Les recherches nous montrent que même la perte d’une seule heure de sommeil peut affecter l’humeur, la mémoire, la forme physique, le jugement, le système immunitaire, etc. C’est d’autant plus important pour notre clientèle aux prises avec d’autres problèmes de santé, car une personne souffrante a besoin de toutes ses ressources.
3- Quand on dort, le corps est passif.
Faux, bien sûr que l’on respire plus lentement, que la température corporelle chute et que le pouls ralentit pendant le sommeil, mais le cerveau fonctionne toujours... mais d’une façon différente.
Dans l’obscurité, il amène le corps à sécréter des hormones, à synthétiser des protéines, à mener la lutte immunitaire, à réparer nos blessures physiques, à mettre en mémoire nos apprentissages et à créer nos rêves. Tout un contrat!
4- Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.
Faux, certaines personnes peuvent parfois avoir cette impression, mais la plupart du temps, elle n’est pas juste.
En effet, on constate au laboratoire que le sommeil peut être fractionné en plusieurs courtes périodes sans que l’on s’en souvienne. Ainsi, on aura dormi un certain temps, mais ce qu’on gardera comme souvenir sera une période ininterrompue d’éveil. Ceci n’enlève rien au sentiment bien justifié d’avoir un sommeil insatisfaisant, car la fragmentation du sommeil a des conséquences très négatives sur le fonctionnement diurne.
5- L’alcool aide à mieux dormir.
Faux, l’alcool peut agir comme un anxiolytique et peut ainsi faciliter l’endormissement chez certaines personnes, mais le sommeil qui s’ensuit est perturbé.
L’alcool a des effets sur la température corporelle et les neurotransmetteurs. Pour dormir, il faut que la température baisse et l’alcool empêche ce phénomène. Une fois endormi, on dormira moins bien, on se réveillera plus souvent et plus tôt.
6- L’activité physique aide à mieux s’endormir.
Vrai et faux, c’est l’intensité de l’activité physique qui est déterminante.
Il ne faut jamais faire un exercice physique intense en soirée parce que cela vient à l’encontre du métabolisme qui se prépare à ralentir. Par contre, une marche tranquille peut être bénéfique et représenter un moment de détente si elle reste calme, sans pensées préoccupantes.
Soulignons qu'il y a une différence entre la fatigue et la somnolence.
- La fatigue, c’est l’incapacité de fournir un effort supplémentaire. Après 10 kilomètres de course, on est fatigué, mais on ne s’endort pas.
- La somnolence est un ralentissement de l’organisme qui prépare au sommeil : on a les paupières lourdes.
7- Si on souffre d’insomnie, vaut mieux rester plus longtemps au lit.
Faux, lorsqu’on souffre d’insomnie, il faut renforcer l’association entre le lit et le sommeil.
Trop souvent, la chambre à coucher sert à des activités incompatibles avec le calme nécessaire au sommeil :
- télévision;
- téléphone;
- ordinateur;
- discussions;
- lectures passionnantes…
Tout le temps passé au lit par une personne insomniaque doit être occupé exclusivement par le sommeil, sauf deux exceptions : l’activité sexuelle et se reposer quand on est malade. Ainsi, après 20 minutes sans dormir, il est préférable de se lever, de quitter la chambre à coucher et de faire une activité calme, comme lire un magazine.
On retournera au lit seulement lorsque l’on sentira le sommeil se manifester par lui-même :
- les paupières lourdes et
- l’esprit somnolent.
Au début, ce n’est pas nécessairement facile, car le lit est souvent devenu le lieu où on rumine nos préoccupations, mais graduellement, après quelques nuits, cette technique pourra améliorer la rapidité de l’endormissement.
Si le problème persiste, il faudra consulter un professionnel de la santé.
8- Les personnes âgées ont besoin de moins de sommeil.
Vrai et faux, tout d’abord, il faut se rappeler que le besoin de sommeil varie d’un individu à l’autre.
Bien que les moyennes nationales de sommeil nocturne tournent autour de 7,5 heures, près de 25 % des gens dorment 6 heures ou moins et 15 % dorment 9 heures ou plus. La meilleure façon pour déterminer son besoin de sommeil est d’observer le temps que l’on dort pendant les fins de semaine et en vacances.
Souvent, les personnes âgées dorment moins que les adultes plus jeunes, mais ce changement se fait progressivement. Avec l’âge, on peut devenir un petit dormeur et le sommeil est souvent redistribué sur 24 heures, avec des siestes en journée; l’important est de vérifier si on attribue des difficultés de fonctionnement diurne à un sommeil nocturne de mauvaise qualité.
9- Grâce à la science, on pourrait avoir une bonne nuit de sommeil en deux heures.
Faux, il n’y a pas de raccourci à la récupération physiologique et psychologique apportée par le sommeil et cela prend du temps.
Personne ne peut couper impunément son sommeil sans en subir les conséquences. Les plus petits dormeurs ont besoin d’un minimum de quatre heures de sommeil par nuit. Sans exception.
Seulement, une minorité d’individus est capable de se contenter de si peu. On estime qu'un déficit de sommeil n’est pas sans répercussions sur la santé et l’état de vigilance. Pourquoi vouloir dormir si peu, alors que le sommeil peut être si agréable!
10- Il est normal pour un adolescent de se coucher et de se lever très tard.
Vrai et faux, avec l’adolescence, l’horloge biologique qui règle le rythme veille-sommeil est un peu comme un cadran qui montre du retard : le signal pour s’endormir arrive plus tard, mais le besoin de sommeil demeure le même, autour de 9 à 9,5 heures.
D’autres éléments viennent par contre exagérer cette tendance jusqu’au point où cela peut interférer avec les obligations scolaires :
- les nombreuses activités parascolaires en soirée,
- les activités sociales et sportives,
- le travail « à temps partiel » rémunéré,
- l’utilisation de la chambre à coucher comme un repère nocturne pour des activités incompatibles avec le calme nécessaire au sommeil (voir aussi le mythe no 7 sur le temps passé au lit).
Ainsi, le moment de l’endormissement est d’autant plus reporté, car le corps et l’esprit ne sont pas prêts à s’abandonner au sommeil.