Au Québec, entre 40 % et 60 % des personnes de 65 ans et plus qui sont en centre d’hébergement reçoivent des antipsychotiques sans avoir reçu de diagnostic de psychose. Or, il est prouvé que ce type de médicaments est peu efficace pour soulager certains troubles de comportement liés à la maladie d’Alzheimer ou autre démence.
C’est pourquoi la démarche « Optimisation des pratiques, des usages, des soins et des services – Antipsychotiques » (OPUS – AP) a été mise sur pied. Cette démarche, qui vise la cessation ou la diminution des doses d'antipsychotique, est sur le point d’achever avec succès sa deuxième phase d’implantation.
Simple arrêt des antipsychotiques ?
Non, il s’agit d’une démarche beaucoup plus complexe. Si, la diminution des doses d’antipsychotique, voire la cessation, est visée, cela ne peut pas être fait sans stratégie alternative et sur la seule volonté du médecin traitant. C’est toute l’équipe de soins soudée par cet objectif qui doit joindre ses forces.
Par quoi remplace-t-on les antipsychotiques ?
Par une approche centrée sur la personne. Il s’agit par exemple de repérer ses besoins, même les plus simples (faim/soif, chaud/froid, besoin d’uriner…) pour y répondre. Une connaissance de sa biographie livrera de bonnes clés d’approche. Les principes de communication de base dans le calme et le respect, verbale ou non-verbale deviennent incontournables et s’appuient sur une écoute active adaptée. Le recours à des stratégies décisionnelles, à la gestion des refus, à la méthode discontinue, mais aussi la récréothérapie, la musicothérapie, sont autant d’autres avenues. Il s’agit de rejoindre le résident dans sa réalité. Cette approche permet en outre le développement d’une culture de bientraitance dans le milieu de vie.
Phase 2, un succès en chiffres
- Taux de cessation ou de diminution de doses d'antipsychotique :
- Moyenne provinciale 60 %
- Notre moyenne 82 %
- Déployée dans 15 unités de vie réparties dans 8 de nos 10 centres d’hébergement
- 190 résidents éligibles rejoints
Un succès en mots
Du côté des familles
- Les familles remarquent la différence de comportement de leur proche
- Une famille s’est dite impressionnée par l’amélioration de l’état de santé de leur proche.
- Une famille présente au « caucus » d’équipe trouve celle-ci formidable et applaudit ses efforts.
Du côté des résidents
- Telle résidente est désormais plus réceptive aux interventions, plus souriante et détendue malgré la barrière linguistique.
- Tel résident est maintenant plus éveillé et moins à risque d’étouffement lors de la déglutition.
- Telle autre ne crie plus le matin et tel autre est moins triste.
Du côté du personnel
- Une équipe change l’heure du « caucus » pour permettre la participation de l’équipe du soir.
- Pour mieux visualiser le résident suivi, sa photo et son histoire de vie sont affichées au moment de la discussion.
- Les suivis en cours restent affichés au poste afin qu’ils soient accessibles à tout le personnel.
Et la phase 3?
Elle touchera tous nos centres d’hébergement. Ainsi, 35 nouvelles unités entreprendront cette démarche, ce qui représente un bassin potentiel de 1200 résidents. Trois groupes s’échelonneront :
- Avril 2020 : 1er groupe
- Septembre 2020 : 2e groupe
- Janvier 2021 : 3e groupe