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Jeûne intermittent : suivre la tendance… ou non?

Miriam Zeira est nutritionniste et éducatrice agréée en diabète au Centre Jean-Jacques-Gauthier du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Dans son travail, elle rencontre régulièrement des personnes qui désirent « perdre du ventre ». La plupart d’entre elles rêvent d’une solution facile et rapide. Par exemple, certains individus, sous l’influence des réseaux sociaux, choisissent le jeûne intermittent. Mais est-ce vraiment une pratique sans risque? Hélas, c’est loin d’être certain!

« Elles ont besoin d’espoir, et je les comprends », mentionne la professionnelle. Selon elle, les gens ne cherchent pas à se faire du mal; ils veulent simplement améliorer leur santé ou leur apparence. Cela dit, leurs moyens d’y arriver sont parfois discutables.

Le jeûne intermittent, c’est quoi? 

Le jeûne intermittent amène une personne à contrôler les périodes où elle mange selon le moment de la journée. En théorie, cette méthode permet surtout de maigrir, car elle réduit le nombre de calories ingérées quotidiennement. Cependant, la perte de poids est souvent limitée et semblable à celle d’un régime faible en calories d’après les études. « Il est important de considérer le jeûne comme un régime hypocalorique. Les diètes amaigrissantes peuvent apporter des bénéfices dans certains cas, certes. Malheureusement, leurs effets s’estompent généralement lorsqu’elles sont abandonnées », rappelle au passage Miriam Zeira.

Jeûne intermittent : des questions à se poser avant d’agir

Les études sur le jeûne intermittent ne sont pas assez nombreuses ni assez fiables pour lui attribuer autant de bienfaits que ce qui est dit sur les réseaux sociaux. « Des effets bénéfiques sur la cognition, le cerveau, la mémoire, la résistance au stress et le vieillissement ont été observés chez les rongeurs. Cela dit, nous n’avons pas encore de preuve en ce sens chez les êtres humains », souligne-t-elle. « En tant que professionnelle de la santé, je conseille fortement aux gens qui veulent essayer le jeûne d’en parler à un ou une nutritionniste. » 
Elle encourage, d’ailleurs, ses patients à se poser des questions avant de se lancer dans cette démarche. Elle donne comme exemple : « D’où me vient cette envie de jeûner? Est-ce basé sur des faits scientifiques ou une tendance? » 

Miriam Zeira croit que les personnes doivent aussi s’intéresser à la qualité des aliments consommés pendant les fenêtres de non-restriction. « Vais-je manger assez pour combler mes besoins de base?  Est-ce que je vais choisir des options qui aident ma santé, c’est-à-dire des aliments peu transformés? » poursuit-elle. De manière générale, les gens devraient consommer le moins souvent possible des aliments transformés ou ultra-transformés (ex. : repas pré-faits, croustilles, friandises, boissons gazeuses ou énergisantes, jus de fruits ou de légumes…), puisqu’ils sont faibles en nutriments et riches en sucre ou en sel. D’ailleurs, la meilleure boisson est encore et toujours l’eau. « Il n’est pas interdit de manger ni de boire des aliments transformés ou ultra-transformés à l’occasion. Tout est une question d’équilibre », précise la nutritionniste.  

Selon elle, il est essentiel de réfléchir à sa relation avec son corps, son poids et son alimentation avant de commencer un régime, peu importe sa nature. « Est-ce que je risque de me faire du mal physiquement ou mentalement en jeûnant? » questionne-t-elle. Ce mode de vie peut, entre autres, amener une personne à ne plus reconnaître ses signaux de faim ni de satiété et à développer un trouble du comportement alimentaire (TCA).

Le jeûne intermittent : des groupes à risque 

Les personnes enceintes et allaitantes, les enfants, les ados et les personnes ayant un TCA ou un diabète de type 1 sous insuline devraient éviter de pratiquer le jeûne. Rappel important : consulter un professionnel de la santé est recommandé avant d’adopter ce mode de vie, peu importe son état de santé.

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