Le mouvement #moiaussi a amené les gens à parler de consentement sur la place publique. La sexologue d’Aire ouverte Camille P. Paquin vous explique ici pourquoi et comment discuter du sujet avec votre ado.
Madame P. Paquin, les ados d’aujourd’hui ont-ils peur de dire non à une relation sexuelle, peu importe sa nature?
Oui, mais ce n’est pas un phénomène nouveau. Par exemple, les ados peuvent ressentir une certaine pression sociale de la part de leurs pairs. C’est pourquoi il est primordial de faire de l’éducation à la sexualité et d’enseigner les bases du consentement. Pour être valide, celui-ci doit être libre, clair et éclairé.
Quelles sont les notions absolument incontournables à transmettre à notre ado en matière de consentement?
Il y en a quatre. Premièrement, il faut parler des trois composantes légales du consentement. Je le rappelle : un consentement, pour être valide, doit être libre, éclairé et clair. D’ailleurs, une personne peut retirer son consentement à tout moment, et les ados doivent le savoir. Deuxièmement, il est important d’aborder la question de l’âge du consentement. La loi est très claire à ce sujet, et le site d’Éducaloi explique très bien le tout. Troisièmement, il y a la notion du consentement enthousiaste, qui se traduit par des gestes, des paroles, des sourires, etc. Ce n’est pas une composante légale, mais ça devrait faire partie de nos attentes en sexualité. Finalement, il faut toucher à la communication verbale et non verbale. L’ado qui entame une relation sexuelle avec un ou une partenaire doit rester à l’affût des signes de plaisir. S’il n’y en a pas, l’acte, quel qu’il soit, doit prendre fin.
Comment faut-il aborder la notion du consentement sexuel avec notre enfant?
Il est important d’aborder la question de manière positive. Comme parents, nous devrions parler des comportements souhaités. Par exemple, nous pouvons dire à notre ado : « Je t’encourage à toujours valider le consentement de ton ou de ta partenaire, même si le geste que tu veux poser peut te sembler anodin. Ça va permettre à la personne qui est avec toi de se sentir respectée. »
Quelle attitude devrions-nous prendre lors de la discussion?
Pour un ou une ado, il peut être gênant de parler de sexualité avec ses parents. Nous devons donc nous montrer bienveillants. Il faut créer un espace sécuritaire dans lequel notre jeune se sent à l’aise. Bien sûr, nous pouvons nommer ce que nous remarquons ou ce qui nous inquiète. Nous devons aussi respecter nos propres limites. Si nous sommes incapables, pour une raison ou une autre, de répondre aux interrogations de notre enfant, nous pouvons le ou la diriger vers d’autres ressources, comme l’infirmière scolaire. Aire ouverte, un lieu dédié aux jeunes de 12 à 25 ans ainsi qu'à leurs familles, est une option accessible offrant notamment des services psychosociaux et de santé sexuelle. Ces services sont gratuits et confidentiels.
Devrions-nous aborder la question du consentement différemment selon le genre ou l’orientation sexuelle de notre ado?
Le consentement touche tout le monde. Le risque d’aborder le sujet différemment selon le genre ou l’orientation sexuelle est de créer un double standard, ce qui n’est pas souhaité ni souhaitable.
À retenir! C’est un privilège d’avoir des rapprochements avec une autre personne. |
En terminant, si vous avez des inquiétudes, vous pouvez parler à un professionnel de la santé (médecin, infirmière, sexologue, etc.) de votre CLSC.
Liens utiles :
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